Bingo gggo

Written by Camille Circlude°Caroline Dath, Chloé Elvezi, Enz@ Le Garrec, ReussMaureen Leprêtre — Contributeur·ices additionnelles : Elsa Abderhamani, Nino André, Céline Chazalviel, Solène Collin, Martha Salimbeni, Chloé Stevenoot, Daphné Targotay

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Bingo "J'aime pas l'écriture inclusive"

Bingo "J'aime pas l'écriture inclusive"
Écriture, relecture, graphisme : Camille Circlude°Caroline Dath, Chloé Elvezi, Enz@ Le Garrec, ReussMaureen Leprêtre et Elsa Abderhamani

Bingo "Décolonisons les écoles d'art"

Bingo "Décolonisons les écoles d'art"
Écriture, relecture, graphisme : Camille Circlude°Caroline Dath, Chloé Elvezi, Enz@ Le Garrec, ReussMaureen Leprêtre et Elsa Abderhamani

Le bingo comme stratégie de défense

Dans les milieux militants, le Bingo est utilisé comme une stratégie de défense collective (par exemple « Le Bingo pas raciste » 1 et « Pépite Sexiste » 2). Ce support graphique en forme de grille, inspiré du célèbre jeu du Bingo, sert à lister des phrases systémiques racistes, sexistes, transphobes, homophobes, grossophobes, validistes, etc. qui constituent de véritables agressions pour la personne qui les reçoit. Il s'agit ensuite d'utiliser ces bingos dans un contexte hostile (repas de famille avec tonton raciste, réunion de travail avec patron transphobe, etc.) et d'être en mesure de répertorier les phrases systémiques prononcées par des tiers. Les bingos servent ainsi à mettre en exergue des propos problématiques bien souvent intégrés ou internalisés comme banals.

Ces attaques systémiques s'infiltrent insidieusement dans le langage et sont diffusées, parfois même involontairement, par les personnes n'ayant pas encore entamé un processus de déconstruction de leurs privilèges. Ces attaques prennent la forme de phrases récurrentes provenant pourtant d’interlocteur·ices différent·es et qui peuvent parfois nous laisser sans voix.

Le bingo permet d'entamer une discussion avec la personne qui tient ces propos, et peut-être commencer à la déconstruire. Mais cela peut également rester un outil de soutien lorsque l'on a des allié·es dans une situation hostile. Il suffit de dire à voix haute « Bingo ! » ou de claquer des doigts lorsque que l'on entend une phrase systémique pour signifier aux allié·es qu'un propos est problématique et ainsi créer des réseaux souterrains de soutien ou de réponse face à ces agressions.

Le bingo comme outil pédagogique

Le groupe de travail Langage as a Virus du programme Teaching To Transgress Toolbox s'est emparé de cet outil pour créer deux bingos comme outil de lutte et stratégie de défense :

Que ce soit sur les réseaux ou In Real Life, avoir de la répartie est une compétence qui semble indispensable pour survivre à l'hostilité du monde. Il est très souvent fastidieux de se lancer dans de grandes et longues explications pédagogiques lorsque des phrases systémiques sont prononcées, sans supports ou référentiels à portée de main. Nos bingos peuvent être une aide ludique, un outil, qui apporte des réponses courtes, incisives au second degré ou plus pédagogiques à celle·ux qui en ont besoin. Ces deux niveaux de réponses sont des contres-arguments efficaces et construits afin de sensibiliser et d’apprendre. Bien entendu, faut-il encore que l'interlocuteur·ice soit réceptif·ve.

Toutes les attaques n'ont pas pu être déconstruitent dans ces deux bingos, nous vous invitons à poursuivre ! À vos bingos !

Comment réaliser votre propre bingo ?

Podcast

L'histoire de nos bingos

Tout commence en 2019, lors d’un workshop à Chalon, Elsa Abderhamani présente pour la première fois le bingo « Pas raciste » à Chloé Elvezi et ReussMaureen Leprêtre. Arrivant telle une fabuleuse armure, ce bingo permet de se protéger, dans des moments de regroupements sociaux où les propos discriminants arrivent sur vous tels des shurikens rouillés.

Quelques mois plus tard le programme Teaching To Transgress Toolbox commence avec un premier workshop à Bruxelles en janvier 2020. Tiphaine Kazi-Tani et Camille Circlude°Caroline Dath interviennent dans un atelier, Language as a Virus, dont nous avons conservé le nom pour notre groupe de travail. Durant cet atelier nous avons réalisé un exercice de mashup/déconstruction. Nous avons apprivoisé cette méthode qui permet une multiplicité d’expérimentations textuelles comme l’analyse critique d’un texte, l’écriture collective, l’extraction d’informations précises.

Au cours des nombreuses véunions (réunions en visio), Language as a Virus aborde des questionnements autour du langage, de l’écriture inclusive et des formes non-binaires écrites et orales dans la mouvance de la collective Bye Bye Binary. Nous discutons de cette évolution linguistique, et essayons de trouver des méthodes et outils pour véhiculer et transmettre nos réflexions sur le sujet.

Un des objectifs, assumés comme tel, du programme TTTToolbox était de créer des outils pédagogiques disséminables à d'autres (enseignant·es, étudiant·es, personnels administratifs, …) pour permettre la déconstruction des stéréotypes de genre, classe, race, validiste, … présents dans la pédagogie en écoles d'art.

De nombreuses idées sont évoquées, comme la création de podcasts, de vidéos, de tutos, de réécriture etc. Parmi celles-ci, le bingo. Cet outil nous semble intéressant à plusieurs titres, mais semblait aussi avoir des faiblesses, comme celle, par exemple, de ne lister que les attaques sans proposer de réponses.

Deux ans après notre première rencontre avec les bingos « Pas raciste » et « Pas sexiste », dans le cadre de la semaine de rencontres Pédagogie Critiques en Écoles d’Art (organisée par La Villa Arson, en décembre 2020) le groupe Language as a Virus, rejoint par Enz@ Le Garrec, propose un atelier d’écriture collective, autour de deux nouveaux bingos, qui trouvent une matérialité aujourd’hui après plusieurs mois de travail.


  1. Bingo Pépite Sexiste, https://pbs.twimg.com/media/ESNEuqKXkAIZSSq.jpg 

  2. Le Bingo pas raciste, Les décolonisé-es, https://pbs.twimg.com/media/DYpU9KSWAAEp323.jpg 

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